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« La Quête » de Jors

David CHANTERANNE, rédacteur enchef de CHÂTEAU DE VERSAILLES MAGAZINE et historien de l’art, nous invite à partager sa vision de « La Quête » de JORS. « 

 » Par ses lignes qui se croisent et ses univers paradoxaux, La Quête nous invite à une triple lecture. Celle tout d’abord de la dualité entre sport et religion, du carré vert de la pelouse à une église dont les contours affleurent un ciel dominateur. Celle ensuite de ces montants verts, supportant le grillage ou le filet et qu’accompagnent les poteaux, tels des démarcations rythmant des vies ici inexistantes, et dont seule la maison isolée rappelle le souvenir. Celle enfin des oiseaux, noirs ou blancs, espèces maritimes ou terrestres, dont les jeux harmoniques soulignent la dualité autant que la surprise, le temps ayant sans doute suspendu son vol. De ces variations autant que ces oppositions chromatiques, il apparaît tout aussi important de marquer des territoires délimités. Les vertes horizontales séparées par la grise palissade servent de piédouche aux symboliques constructions de l’homme. Rien n’émeut davantage que la douce opposition entre les siècles, que séparent l’édifice religieux dont les ogives évoquent le gothique mesuré, l’hôtel qui s’en détache et ce gazon tout droit sorti de mains expertes pour de modernes joutes dominicales. D’ailleurs, en ce jour de semaine, tout paraît avoir abandonné un espace aux occupations provisoires. Ni la saison, ni les gris horizons bouchés ne servent de repères fiables. Alors quête de sens, d’animation ? Quête de vie surtout, attendant de ces époques lointaines qui n’ont plus cours qu’elles resurgissent pour offrir à ce paysage à demi-animé une autre fonction, qu’envisagent la touche jaune et l’électricité du pylône central. Reste au spectateur à se laisser conduire dans une Bretagne dont il lui manque les repères essentiels que sont le sol, l’eau et les forêts, ici volontairement laissés hors cadre. »

 

David Chanteranne Rédacteur en chef de CHÂTEAU DE VERSAILLES MAGAZINE